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A toute perte il y a un gain, ce n'est une religieuse qui va vous dire le contraire... mais là c'est vrai que ça a été une vraie suprise. Je pleurais un peu sur mes jolies chemises à deux rabats toutes en nuances de gris, faites à la main (par quatre mains exactement), que j'avais choisies exprès, savamment étudiées pour être les plus jolis, les plus naturels, les plus pratiques des emballages de patrons. Car résolument il fallait m'en séparer, ce n'était plus raisonnable, la mutinerie guettait les troupes : deux index sur quatre en étaient à soupirer à chaque commande, les pouces fulminaient à la quarantième coupée, le gabarit avait pâli sous la contrainte, j'avais trouvé un beau matin placardée sur le bureau de mon atelier la Charte des droits de la main, établie lors de l'abolition de l'esclavage.
Suivirent quelques heures de recherche interminables sur internet pour trouver LA chemise qui pourrait remplacer les irremplaçables. Il y en avait bien une, mais bon, une seule couleur présentable, et surtout un seul rabat. Quelques heures de cogitations intenses plus tard, la chemise a toujours un rabat, mais il est devenu très pratique, puisque fermé en bas, très large, les planches sont parfaitement maintenues en position verticale. L'étiquette est plus rapide à mettre, et surtout le design est plus moderne et plus désuet, ce qui me va très bien. On peut les ranger l'un à la suite de l'autre comme les livres sur un rayon de bibliothèque, car si la couleur est et sera invariablement la même, les noms des patrons sont tout de suite visibles, près de la tranche. En deux mots : plus beau, plus rapide, plus pratique.
Voilà, le statut social de ces quatres mains là étant désormais celui de jeunes cadres dynamiques, nous vous annonçons un congé payé d'une semaine des dites mains, ce qui donne à peu près ça :
mains en prière, Dürer
Nouveaux emballages disponibles à partir de mars, et ne vous inquiétez pas, toutes les commandes de février seront traitées à mon retour et à l'ancien tarif !