question / réponse
On me demande souvent où je trouve l'inspiration pour réaliser les modèles de C'est dimanche. Il y a tellement de choses que ce serait difficile de toutes les citer ! mais en y réfléchissant, je me suis rendue compte que mes sources d'inspiration changeaient. Je regarde de moins en moins ce qui se fait dans le monde de la mode, et de plus en plus ce que se fait en graphisme, design et architecture. D'un autre côté, je reviens aux sources des artisanats liés au textile. Bon, évidemment, mon statut contemplatif fait que je ne suis pas saturée d'images non plus, mais j'aime de temps en temps recharger les batteries en regardant de belles formes, de belles couleurs, et de belles matières. Ce sont les fondamentaux.
Même si Pinterest est une invention géniale, elle n'est pas sans inconvénients non plus, et dès que je le peux, je choisis volontiers de revenir au papier, parce qu'un livre ou un magazine c'est autre chose qu'un écran d'ordinateur, il y a un contact, l'odeur du papier, une couleur réelle. On peut s'arrêter, reprendre, découper, conserver. Conserver surtout. Pour cela, je suis assez exigeante et je répugne vraiment à acheter un magazine que je n'aurais pas envie de garder. Je vous donne mes titres fétiches ? Allez, on y va.
VOGUE Collections. Là, on est en plein dans la mode, mais c'est le passage obligé pour regarder ce qui va se passer dans les prochains mois/années. C'est une mine, puisqu'on y retrouve une sélection de photos de tous les principaux défilés de chaque saison. C'est une sorte de memento fashion, si vous voulez. Pas de publicité, pas d'article de presse : juste des photos de podium. Son prix est assez élevé -25 euros-, mais c'est l'outil incontournable de tout styliste de mode. Bi-annuel.
Note: A ce propos, au moment de me réabonner j'ai eu un couac, du coup j'ai le même numéro en double -automne hiver 2015, le dernier- je précise que j'ai payé les deux, hum hum... comme je sais qu'il est difficile à trouver en kiosque en dehors des grandes villes, je me dis que ça peut intéresser l'une de vous de me le racheter ? -voir le prix ci-dessus. Je prends à ma charge les frais de port, et bien sûr, le magazine est neuf et n'a pas été lu. Si vous êtes intéressée, écrivez-moi sur "contacter l'auteur" ! - ça y est, il est vendu.. merci !
SELVEDGE. Mon pref' de pref'. C'est un magazine anglais qui sort tous les 2 mois, je suis abonnée car il est très difficile à trouver en France, hormis peut-être dans certaines merceries hyper pointues et raffinées. Son sujet : le textile sous toutes ses formes. Les textes sont en anglais, mais tous les articles sont des plus intéressants -quand on s'intéresse au textile évidemment-, la mise en page est elle même magnifique, ainsi que les photos et les illustrations. On est ici en marge de ce qui se fait en matière de mode : le beau, l'authentique, le rare, l'amour de la matière sont les principales motivations de ses auteurs. Les sujets sont très éclectiques, sans a priori, et toutes les cultures y sont représentées. A noter une très belle revue de presse à la fin, pour ceux qui aiment les beaux livres... mais attention aux craquages, qui dit beaux livres, dit un certain coût ! le magazine lui-même n'échappe pas à cette loi : il coûte environ 13 euros - abonnement Europe-, mais il est de ceux qu'on garde, à mon avis, toute sa vie.
IDEAT. Je termine avec un magazine de design. Je n'ai pas eu encore assez de temps et d'occasions pour me pencher sur tous les magazines de design, mais celui-ci -ce numéro-ci particulièrement avec sa nouvelle maquette- a l'avantage d'être peu cher et bien conçu. Il balaie un large spectre, ce qui correspond bien à ce que je cherche : textile, objets, architecture, c'est une cohérence de monde où la réflexion louvoie entre les formes et les couleurs, quel que soit le support. Le prix au numéro est de 5 euros, mais on trouve des abonnements à -50% régulièrement dans le magazine, si je ne me trompe pas. Celui-la, je le découpe, je le malmène, je tire son essence pour mes moodboards. Si jamais vous vous y connaissez en magazine de design, je veux bien votre avis sur la question !
La question qui reste, c'est: pourquoi aller chercher des sources d'inspiration plus éloignées de son sujet de travail ? C'est un constat que j'ai fait, mais c'est tellement vrai : plus on avance dans son travail, et moins on regarde ce que font les voisins immédiats. C'est une question de survie dans mon cas : je veux rester libre, et dérouler mon propre processus de création, sans recevoir du "pré-mâché" dans la rétine. On est, de toute façon, toujours influencé par ce que l'on voit... alors la seule solution, c'est s'imposer une certaine ascèse de regard, n'aller voir que ce qui nous fait du bien, nous fait respirer, nous amène là où on n'aurait pas penser aller. Un travail créatif ne peut évoluer que si l'oeil voyage, si on est prêt à mettre un peu en péril son propre univers pour découvrir de nouveaux horizons. Et pour cela, la connexion entre les arts, même très éloignés, est primordiale.
Pourquoi l'architecture et le design ? C'est une question que je me suis posée après m'être sentie instinctivement portée, et de plus en plus, vers eux. Ce choix vient peut-être d'une certaine "maturité"; je crois qu'à partir de la quarantaine, l'homme est plus apte à organiser l'espace autour de lui, il voit mieux les volumes, les "sent" mieux, grâce à son expérience et au recul qu'il peut avoir sur ce qui a fait sa vie jusque là. Sans avoir la sagesse des anciens, il devient à la fois philosophe et bâtisseur, que ce soit de son monde où pour ceux qu'il aime et qu'il protège. Et sans doute que cela se ressent aussi dans mon attitude, même si, en soi, je ne suis ni philosophe, ni architecte ! Et tous cas, je l'ai observé souvent chez différentes personnes plus âgées que moi.
Voilà, comme j'aime beaucoup écouter parler des créatifs, j'espère que ce post vous aidera un peu, vous aussi, à avancer sur cette voie si belle de la créativité. La prochaine fois je vous parlerai de quelques blogs que j'aime bien... Bonne semaine à vous toutes ! Happy monday !