delirium pedens
delirium pedens
(parce que la mode, c'est aussi ça)
Défilé Céline, Paris, collection printemps/été 2013*. La classe. Des lignes épurées et travaillées, brut de matières et surprises de raffinement s'entrelacent savamment. Le style de Céline est toujours un peu froid, mais parfait. Je "reluque" les looks de fond en comble, comme d'habitude. Mais là, tout à coup, c'est le drame. Vous ne voyez pas ? Là, au fond, cette petite chose qui s'avance ?
Ah oui, c'est ça. Là je vois tout de suite mieux. Hum. Huuuuuum. La pédicure est jolie, mais la sandale, comment dire... oui, comme un air de déjà vu. ça vous l'a fait aussi non ? - ne me dites pas que vous n'avez jamais croisé de touriste en Birk*stock dans notre capitale internationale de la mode, Paris la grande ! Oui, mais là, sur un podium, tout de suite.... non. En fait, pour être honnête, si vous-même avez cédé à l'appât de ces vénérables claquettes**, même dans vos rêves les plus fous, vous n'avez jamais imaginé mettre une semelle orthopédique en moumoute dans vos Birks. Non pas par goût prononcé pour le chic, mais simplement parce qu'on ne met pas une semelle en moumoute dans une sandale d'été. Logique.
Logique, mais pas couture. C'est là que le bât blesse.
Bon, évidemment, je me suis remise de mes émotions (c'était déjà il y a quelques temps, la fashion week), et puis j'ai oublié l'incident. Mon cerveau a dû enregistrer la chose en "erreur de parcours", "délire artistique", "voilà-où-ça-mène-de-vouloir-pousser-une-idée-jusqu'au-bout-coûte-que-coûte" (leçon de morale que l'artiste s'applique à lui-même de temps en temps pour se refroidir les neurones). Dans ma magnanimité presque naïve, j'avais pardonné l'écart sous un sourire amusé.
Jusqu'à ce que... j'ouvre le Vogue de février ce matin. Rhaaaa... dès le début, les revoilà, les Birks moumoute, dans la campagne publicitaire de Céline cette fois. Bon, il fallait s'y attendre (sachant que le sommaire de Vogue, donc le premier texte rédigé du magazine, apparaît page 45 - véridique -, vous êtes prévenue que vous allez avaler quelques encarts publicitaires avant d'y parvenir). Tiens, je n'avais pas remarqué qu'elles imitaient vachement bien le plastique des tongs de piscine... Je suis quasiment au bord de l'émotion artistique.
Les choses se gâtent page 192. Shooting avec du beau monde, comme d'habitude dans Vogue. Mais justement, cette fois-ci, je ne suis pas d'humeur. Au détour d'une photo, je retrouve une, deux, trois... cinq fois les tatanes aux pieds d'une créature superbe - et superbifiée par les dites tatanes, vous l'aurez deviné. Trois solutions se présentent à moi : ou bien Vogue s'est reconverti dans la parodie humoristique quatrième degré... ou bien le monde de la mode se paie ma tête (enfin la vôtre aussi je crois, mais je vous laisse juge), ou bien on essaie de me (vous) faire un lavage de cerveau pour me (vous) faire croire que ces chaussures sont le must have de l'été. Et qu'on ne pourra pas vivre sans elles***.
Et je ne sais pas pourquoi, mais je penche plutôt pour la 3e solution... surtout lorsque j'ai lu que les sandales étaient en cuir et vison - oui, vous avez bien vu, mais je crois que sur ce coup-là Vogue a été un peu loin. Trop. Sur le site de Céline en tout cas, on parle pudiquement de "fourrure". Ouaip.
* je précise qu'il s'agit de prêt à porter, nous nous sommes pas dans les sphères de la Haute Couture.
** n'ayez pas honte, même Garance Doré se pose la question ici.
*** certaines les achèteront, les autres auront le plaisir de trouver ici un DIY pour les fabriquer elles-mêmes (nooon je plaisante).